Le parfum est-il culturellement accepté partout dans le monde ?

Nous ne parlerons pas seulement de sillages addictifs ou de fragrances à couper le souffle ; nous allons surtout plonger dans la manière dont le parfum se vit et se transforme à travers diverses cultures. Entre extravagance, discrétion et même dimension sacrée, la pratique du parfum varie considérablement d’un continent à l’autre ; ce contraste m’a toujours fascinée. D’un côté on trouve l’Occident, immense terrain de jeu olfactif où l’on affirme sa personnalité à coups de fragrances plus ou moins subtiles. De l’autre, il y a le Moyen-Orient, qui élève le parfum au rang d’art de vivre et l’ancre dans des traditions millénaires. Et n’oublions pas l’Asie, où la discrétion est reine et où la notion de « no scent » peut sembler déroutante pour les passionnés d’effluves intenses.

Les occidentaux et le parfum

En Occident, c’est un lieu où l’expression de soi passe par un rituel olfactif matin et soir où l’on choisit son parfum comme on choisirait une tenue, en fonction de l’humeur et du style du jour. Il faut savoir aussi que les grandes maisons de parfumerie rayonnent depuis des siècles afin d’offrir une diversité d’essences impressionnante allant du floral romantique à l’ultra-boisé téméraire. Guerlain par exemple a marqué l’Histoire en 1853 avec l’Eau de Cologne Impériale. Cette eau a été spécialement créée pour l’Impératrice Eugénie. Ce geste a propulsé la maison au rang de « Fournisseur Officiel de Sa Majesté » et lui a permis de gagner une renommée internationale. Aujourd’hui encore, cette tradition du luxe s’enrichit de nouveautés qui flirtent avec la naturalité, la sophistication et même le concept de « bien-être ». En 2025, on voit naître des compositions à la fois douces et audacieuses, où des accords boisés rencontrent des accents floraux modernisés, tandis que les emballages écoresponsables s’imposent peu à peu comme une évidence. Par ailleurs, les occidentaux se tournent de plus en plus vers les parfums de niche où la qualité du parfum est primordiale.

Le Moyen-Orient, un univers olfactif hors du commun

Au Moyen-Orient le parfum est bien plus qu’un simple accessoire : c’est un rituel presque sacré. C’est aujourd’hui un art hérité de civilisations anciennes qui perfectionnèrent la distillation et l’extraction d’essences depuis la nuit des temps. Musc, oud, ambre et épices règnent en maîtres dans ces flacons, qui éveillent alors les sens et laissent une empreinte inoubliable. Cette culture accorde une telle importance à l’olfactif que l’hospitalité elle-même se traduit souvent par un geste parfumé, qu’il s’agisse d’offrir une fragrance ou de proposer à un invité de se parfumer. Les boutiques spécialisées – omniprésentes dans la région – invitent d’ailleurs à composer son propre mélange pour un sillage parfaitement adapté à sa personnalité. On est ici dans la pure tradition du sur mesure où le luxe se mélange au sacré et où chaque goutte recèle un sens profond.

Le « no scent » et la faible utilisation du parfum en Asie

Du côté de l’Asie, j’ai découvert un univers où la discrétion est érigée en véritable art. Là-bas « ne pas incommoder l’autre » prime sur toute autre considération et on préfère souvent des odeurs aériennes, voire aucune odeur du tout. C’est ce qui explique l’essor du « no scent » dans certains bureaux, hôpitaux ou espaces publics afin de minimiser tout risque d’allergie mais surtout de gêne. Ce principe peut sembler étonnant voire un peu radical quand on est habitué à porter des fragrances affirmées. Et pourtant, cette discrétion olfactive n’a pas empêché l’Asie de développer des traditions tout aussi fascinantes, à l’image du kōdō au Japon, une véritable cérémonie où l’on s’immerge dans l’art de humer l’encens au fil d’un rituel presque méditatif avec chaque effluve sublimée.

N’oublions pas non plus l’effet de la mondialisation qui favorise peu à peu l’émergence de parfums plus audacieux sur le marché asiatique. Nous évoquons ici un univers olfactif, une subtile alliance entre la passion occidentale pour l’expression de soi et la volonté asiatique de préserver l’harmonie collective. Cela donne ainsi naissance à des créations uniques où audace et discrétion coexistent en parfaite symbiose.

Le parfum est finalement un véritable objet de fascination même après des siècles. Ce produit se révèle sous des visages multiples à travers la planète. En Occident il s’exprime en toute liberté, laissant chacun affirmer son identité olfactive. Au Moyen-Orient il s’impose comme un art à part entière, ancré dans un héritage riche et raffiné. En Asie, on privilégie la discrétion et le respect de l’espace commun où le « no scent » est privilégié dans certains endroits.

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